« Le sexe ne génère chez moi ni dégoût ni phobie, juste un manque d’intérêt »

ENTRETIEN. Romancière de fantastique, Mélanie Fazi revendique son asexualité depuis la sortie de son livre autobiographique, « Nous qui n’existons pas ».

Propos recueillis par

Mélanie Fazi a publié en 2018 un ouvrage autobiographique, Nous qui n’existons pas (éditions Dystopia), sur son asexualité.  
Mélanie Fazi a publié en 2018 un ouvrage autobiographique, Nous qui n’existons pas (éditions Dystopia), sur son asexualité.   © DR

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Elle aussi dit « non non non ». Non aux relations sexuelles, non à la recherche continue du plaisir, et même non aux relations de couple. Mélanie Fazi n'a cure de l'omniprésence du sexe et de l'intime dans les parlottes, sur les réseaux sociaux ou encore au cinéma. Cette nouvelliste et romancière a publié en 2018 un ouvrage autobiographique, Nous qui n'existons pas (éditions Dystopia), courte et intime confession dans laquelle elle décrit ses états d'âme et sa solitude au sein d'un monde pour lequel le sexe fait partie intégrante de la vie, au même titre que l'amour. Nous l'avons rencontrée.

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Le Point : Depuis quand vous définissez-vous comme asexuelle ?

Mélanie Fazi : Durant mon adolescence, je ne regardais ni les garçons ni les filles, mais je n'avais pas vraiment de terme à plaquer sur mon quotidien. J'ai mis des mots sur mon asexualité à l'approche de la quarantaine, autour de 2016. Pour moi, c'était une évidence depuis toujours, le sexe ne m'a jamais vraiment intéressé.

À LIRE AUSSIAsexualité : quand le sexe ennuie, dégoûte ou indiffèreAvez-vous déjà été en couple ?

J'ai été en couple pendant deux ans et demi, et cela constitue ma seule expérience du genre. Depuis l'enfance, je ne me projette ni dans le mariage, ni dans la vie sexuelle, ni dans le couple. Le problème, c'est que mon entourage a commencé à s'en inquiéter, m'a mis la pression, et j'ai eu une mauvaise expérience avec la psychanalyse qui n'a pas aidé. L'insistance de tout le monde a fini par me convaincre que j'avais un problème. C'est un long parcours qui m'a conduite jusqu'à mes 40 ans, où j'ai compris que ce n'était pas un problème pour moi, grâce à une thérapeute qui a réagi sans insistance ni étonnement.

Qu'a-t-elle fait pour vous aider ?

Elle n'est pas psychanalyste, et possède une vision plus large. Elle n'était pas vraiment renseignée sur l'asexualité, mais sa démarche a été de m'écouter, en premier lieu. La psychanalyse plaque tout sur le principe de pulsions refoulées, ce qui rend impossible la compréhension de l'asexualité.

Je précise que cette rencontre a eu lieu en 2016, à une époque où l'asexualité était inexistante dans le débat public. Depuis quelques années, je vois passer beaucoup d'articles mais en 2016 c'était un sujet extrêmement rare !

Ce qui m’est parfaitement inconnu, c’est de ressentir du désir pour une personne, et du désir face à des représentations du sexe.

Avez-vous déjà entretenu des rapports sexuels ?

J'en ai déjà eu, mais par respect pour la seule avec laquelle j'en ai entretenu, avec laquelle j'ai été en couple, je préfère ne pas trop en dire. Même toute seule, via la masturbation, ce n'est pas une source d'intérêt majeur. Mais le sexe ne génère ni dégoût ni phobie, juste un manque d'intérêt. Certaines personnes asexuelles en couple ont des rapports pour faire plaisir, d'autres apprécient la masturbation, les réalités sont diverses !

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Êtes-vous dépourvue de libido ?

Être asexuel ce n'est pas être dépourvu de toute recherche du plaisir, vous savez. Ce qui m'est parfaitement inconnu, c'est de ressentir du désir pour une personne, et du désir face à des représentations du sexe.

Vous arrive-t-il d'être critiquée par vos proches pour vos choix de vie ?

Beaucoup de personnes m'ont dit : « Tu te prives, c'est dommage. » On ne m'a pas forcément critiquée, mais beaucoup ont éprouvé de la peine. On ne m'écoutait pas, on me disait que l'être humain est fait pour vivre à deux, pour avoir une sexualité.

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En avez-vous souffert ?

Ma seule source de souffrance, c'est que l'on m'a convaincue que j'avais un problème. Le moment où je l'ai compris et assumé mon asexualité, cela a été un soulagement énorme. Quand je me suis confiée publiquement via mon livre, cela a constitué un nouveau soulagement.

Diriez-vous que dans le sigle LGBTQIA +, le A des asexuels est le grand oublié ?

À l'intérieur des milieux LGBT, certains estiment que nous ne sommes pas à notre place, c'est vrai. Certains estiment que les asexuels s'inventent des oppressions. Pourtant, les asexuels sont invisibilisés, sans subir forcément la violence qui touche certaines personnes gays ou trans. Nous avons quand même du mal à vivre en paix.

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Commentaires (38)

  • Martinoune

    Franchement... Le Point ? N'y a t'il pas de sujets plus intéressants...
    Que nous importe ce que vit cette personne... ? Elle n'aime pas le sexe... Bon et alors ? De ttes façons passé un certain âge... On est obligé de s'en passer... Elle sera juste un peu en avance... Lol

  • Just an Illusion

    Elle la porte sur elle son asexualité

  • jalucine13

    Et la tête qui va avec ?