Des soldats ukrainiens dans un tank ravi aux milices pro-russes dans la région de Donetsk, le 9 août 2014

Des soldats ukrainiens dans un tank ravi aux milices pro-russes dans la région de Donetsk, le 9 août 2014

afp.com/Anatalii Stepanov

L’Ukraine a commencé à engager sur le front des tanks allemands Leopard 2 et des "chars légers" français AMX-10 RC, ont révélé les captations vidéo réalisées depuis le 4 juin par des drones. Il s’agit là des blindés les plus précieux et les plus létaux fournis depuis le début de l’année par ses soutiens occidentaux - qui ont accompagné ces livraisons de matériels de pointe de formations accélérées. Autant de signes montrant que Kiev semble avoir amorcé sa contre-offensive tant attendue.

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Pour les Ukrainiens, l’heure de vérité a sonné. "Ils étaient sur la défensive, ils se sont réarmés, réentraînés et sont à un tournant, estime une source militaire française. Ils jouent leur va-tout : si ça passe, ils sont en position de force pour la suite, dans le cas contraire, ils savent que c’est tendu…" Leur objectif est clair : reconquérir un maximum de territoires occupés jusqu’à ce que le manque de moyens, ou les pluies et la boue, les contraigne à stopper l’effort.

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"On atteint un point culminant sur le plan stratégique, comme le montre le fait que la guerre déborde sur le territoire russe", poursuit l’officier. La guerre change d’échelle avec ces combattants venus du territoire ukrainiens – des Russes anti-Poutine – qui ont mené et réussi des raids de l’autre côté de la frontière, au nord de Kharkiv, parvenant à occuper provisoirement des positions, avant de se replier. Prise par surprise, l’armée russe a dû envoyer des renforts dont Kiev espère qu’ils manqueront sur le front du Donbass.

Objectif : percer les lignes russes

A ces opérations terrestres s’ajoutent des attaques de drones de plus en plus fréquentes en territoire russe, visant des infrastructures énergétiques ou des bases militaires. Certaines ont touché les villes de régions frontalières, comme Belgorod ou encore Voronej, mais également un quartier d’habitation de Moscou. Au cœur de la capitale, début mai, deux drones ont même atteint le Kremlin, au-dessus duquel ils ont été détruits. Autant d’opérations vouées à perturber les dirigeants russes.

Voilà également des semaines que l’Ukraine a intensifié ses frappes dans la profondeur, sur les concentrations de troupes, les dépôts de munition et les centres de commandement, pour désorganiser le front russe. Un préalable indispensable à la conduite d’opération de "bréchage" des lignes de défense que les Russes ont mis en place dans le Donbass ou dans la région de Zaporijia. Seule une parfaite coordination de leur artillerie, de leurs moyens du génie, de leur cavalerie et de leur infanterie permettra aux Ukrainiens de surclasser leurs adversaires en certains points faibles préalablement repérés. Et ainsi de percer.

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S’ils parviennent à enfoncer les lignes russes jusqu’à la mer Noire, les Ukrainiens auront démontré aux Occidentaux que leur soutien paye et qu’ils doivent le poursuivre. Les Russes verraient, eux, la zone occupée divisée en deux et la Crimée - où se trouve leur précieuse base navale de Sébastopol - à portée de tirs de roquettes. Elle s’en trouverait isolée : la péninsule ne serait plus reliée à la Russie que par le pont de Kertch, déjà victime d’une attaque en octobre. En cas de reprise des pourparlers avec Moscou, la position de Kiev s’en verrait donc renforcée.

Les Ukrainiens savent que la montre ne tourne pas forcément en leur faveur. Certes, Joe Biden promet des fonds "aussi longtemps qu’il le faudra". Mais un Républicain pourrait faire son entrée à la Maison-Blanche, après l’élection présidentielle de 2024, avec la volonté de réduire ou de stopper le soutien militaire à l’Ukraine. "Pour eux, ce qui se passe n’est qu’une distraction stratégique, leur obsession, c’est la Chine", rappelle une source militaire. Plus que jamais, les Ukrainiens ont besoin d’un succès militaire.

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