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Top 14 : à Saint-Sébastien, une page du Racing 92 s'est violemment tournée

Kitione Kamikamica pris par Arthur Retière.
Kitione Kamikamica pris par Arthur Retière. GAIZKA IROZ / AFP

ANALYSE - Torpillé par Toulouse en demi-finale, le club francilien a, une nouvelle fois, déçu en phase finale. Les Ciel et Blanc vont devoir se remettre en question avec le départ de leur manager et de plusieurs joueurs cadres.

La question s'est posée durant le match : une équipe avait-elle déjà fini fanny en demi-finale du Top 14 ? Et puis, les essais tardifs de Gaël Fickou (71e) et Ibrahim Diallo (76e), pour sauver l'honneur piétiné des Racingmen, ont réglé le problème. Mais pas le constat brutal : les Franciliens ont été laminés par les Toulousains à Saint-Sébastien (41-14). «On n'était pas invité. On a tout perdu, les collisions, les mêlées, les lancements, les touches… Tout. Il n'y a pas photo», lâche froidement le centre international Gaël Fickou. Même constat d'impuissance pour l'ailier argentin Juan Imhoff : «Quand tu es battu en conquête, en l'air et que tu n'arrives pas à tenir le ballon, c'est compliqué de gagner une demi-finale...»

Après avoir fait illusion et tenu le choc pendant un quart d'heure, le navire ciel et blanc a pris l'eau, de toutes parts. Des mouvements stériles, une mêlée violentée, des fautes à la pelle et un manque criant d'efficacité, et pire, de plan de jeu. Ce que reconnaît sans détour le manager francilien Laurent Travers : «Par moments, on a été plus qu'inconstants. On a surtout été pris sur les fondamentaux, comme la mêlée. Le rugby n'a pas beaucoup changé, si vous êtes défaillants sur les fondamentaux - même si vous tenez 25 minutes - vous finissez par payer. Si vous n'êtes pas capable de lancer votre jeu, c'est pareil.» Des avants submergés, des arrières à l'arrêt.

«Ça a été une saison mitigée, ce n'est pas nouveau»

Une prestation insipide à l'image de la saison du Racing 92. Totalement inconstant. Une équipe capable de jolis coups d'éclat comme de ratés magistraux, ce qui l'avait contraint à batailler ferme pour décrocher son billet en phase finale. Voilà pourquoi Laurent Travers salue la régularité dans les performances de Toulouse. «Ce match à l'image de la saison des deux équipes. Les Toulousains ont répondu présent de la première à la 80e minute et nous, on a juste été capables par moments de faire illusion sur de bonnes actions, comme on a été, sur la saison, capables de faire un bon match et d'être absents le match d'après...»

Au final, encore une saison sans titre pour le puissant club des Hauts-de-Seine qui - en étant présent chaque année en phase finale du championnat depuis son retour dans l'élite en 2009-2010 - n'a remporté qu'un Brennus en 2016. C'était en Catalogne, à Barcelone, mais il faut croire que l'air du Pays basque ne réussit décidément pas aux Ciel et Blanc qui s'étaient inclinés en finale de la Champions Cup en 2018 à Bilbao face au Leinster. À l'heure du bilan, Gaël Fickou ne se berce pas de joyeuses illusions : «Ça a été une saison mitigée, ce n'est pas nouveau. On a tout tenté mais je pense que l'équipe ne pouvait pas faire mieux. Nous étions au max...»

C'est dans la douleur qu'une page de l'histoire du club altoséquanais s'est tournée ce vendredi. Laurent Travers, arrivé au club en 2013 (avec Laurent Labit) auréolé du titre de champion avec Castres, va quitter son poste de manager sur un cinglant revers. «Je ressens beaucoup d'émotions, confie Juan Imhoff, au club depuis 2011. Je n'ai pas eu beaucoup d'entraîneurs dans ma carrière, Laurent a été mon entraîneur au Racing. Quand tu partages autant de temps ensemble, ce n'est pas que du sportif, il y a aussi de l'humain, tu t'attaches beaucoup. Le professionnalisme est quand même cruel parfois : tu passes de tout à rien. Heureusement, il va rester au club auprès de nous, les joueurs.»

«On va se relever encore une fois et si on veut aller une finale, il faudra monter d'un cran»

Le Puma tient aussi à saluer plusieurs de ses coéquipiers qui vont quitter le Racing. «J'aurais bien aimé que l'on finisse différemment pour certains joueurs. Je pense à Louis Dupichot, c'est quelqu'un qui aime ce club et qui a tout donné pour ce club. Il y a aussi Teddy Iribaren (qui a signé à La Rochelle) et Finn Russell (vers Bath) qui ont aussi beaucoup donné pour le Racing. On se reverra. Mais c'est quand même une grosse page du Racing qui se tourne...»

L'an prochain, le club du 92 sera entraîné, pour la première fois, par un technicien étranger, l'Anglais Stuart Lancaster, ancien sélectionneur de l'Angleterre qui avait rebondi avec succès au Leinster. Laurent Travers restera lui au Racing mais comme président du directoire du club. A-t-il ressenti un pincement pour son dernier match sur le banc francilien ? «Sincèrement, j'y ai pensé à la fin du match mais - et je vais peut-être vous choquer - il y a des personnes qui n'ont pas la possibilité de pouvoir faire autre chose. Moi, j'ai la chance et l'honneur qu'on m'ait proposé un autre poste. Et je pars du principe que ce qui m'attend est peut-être encore plus beau. Donc je vais positiver.»

Et d'ajouter : «Je vais tout faire pour être la hauteur et je ferai tout pour amener cette équipe le plus haut possible. Sachez une chose, c'est qu'on est très fier de ces couleurs et de ce maillot. Je suis content de pouvoir continuer. Après, on ne sait pas de quoi demain sera fait. Pourquoi je serais triste ? Je l'ai décidé. Certains n'ont pas de poste, on va donc rester les pieds sur terre. C'est une belle aventure.» Mais le chantier est énorme, toujours à ciel ouvert. «Le rugby, c'est plaquer, se relever. On va se relever encore une fois et, si on veut aller une finale, il faudra monter d'un cran, insiste Juan Imhoff. J'ai plus perdu que gagné dans ma carrière. Mais, pour gagner des titres, il faut passer par là.» Le problème est que les saisons se suivent et que le Racing passe à chaque fois «par là».

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1 commentaire
  • pascal denise

    le

    c'est beaucoup plus dur de jouer a 15 contre 15 n'est ce pas messieurs, et bravo toulouse

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