LES PLUS LUS
Publicité
Sport

Neslon Monfort raconte ses dimanches, « au théâtre, seul ou à deux »

Quand il n’est pas sur le terrain, comme aujourd’hui à Roland-Garros, le journaliste de France Télévisions Nelson Monfort monte aussi sur les planches.

Solen Cherrier , Mis à jour le
Nelson Monfort.
Nelson Monfort. © Nicolas Friess/Hans Lucas pour le JDD

Le dimanche, ­Nelson Monfort a la bougeotte. Rester à la maison ? Très peu pour lui, il faut s’arracher à la douce mélancolie qui l’étreint depuis toujours, tous les jours mais particulièrement celui-là – « Sauf quand j’achète le JDD, qui m’apporte beaucoup de bonheur », précise cet ancien pigiste du Journal du Dimanche qui ne dit « pas ça pour faire plaisir » mais sait dire ce qui fait plaisir.

Publicité
La suite après cette publicité

Cela tombe bien, les grands événements sportifs que l’ovni iconique du PAF couvre depuis une trentaine d’années ont presque toujours lieu le week-end. Le patinage artistique l’hiver. Puis l’athlétisme, la natation ou encore le tennis, comme en ce moment à Roland-Garros.

Quand il n’est pas sur le pont, l’animateur-intervieweur polyglotte de France Télévisions trouve un autre terrain de jeu : le théâtre. Pour « rire ou pleurer intelligemment », il a « toujours adoré l’atmosphère des matinées », ces séances du dimanche après-midi. « Je ne vais pas forcément voir des grands hits, j’y vais au coup de cœur. » Son dernier ? Zola l’infréquentable, au Théâtre de la Contrescarpe.

La journée peut commencer tôt, vers 6 heures, puisqu’« une ou deux fois par mois » il présente aussi les flashes sport de Franceinfo. Puis déjeuner au restaurant, dont la principale qualité doit être géographique. La sortie se fait seul – « Ça ne me dérange pas » – ou accompagné de sa femme, Dominique, ou d’une de ses filles (Isaure et Victoria), mais jamais à plus de deux, c’est comme ça. « Je me suis souvent demandé pourquoi des groupes d’amis allaient au théâtre ensemble. Par définition, on ne parle pas, on regarde. En revanche, les émotions sportives se partagent. » Tant qu’il a pu, il a essayé d’associer sa famille à ses activités, époussetant avec sa courtoisie proverbiale le cliché de ceux qui, happés par leur passion, n’ont pas vu leurs enfants grandir. Un contre-pied qu’il a étiré jusqu’à monter sur la scène du Théâtre du Gymnase en 2011 avec sa cadette, Victoria – elle joue actuellement dans le feuilleton de TF1 Ici tout commence.

Grisaille à l’internat

Gamin, les dimanches de ce fils unique né à Boulogne-­Billancourt (Hauts-de-Seine) se vivaient peu en famille. Quand c’était le cas, sa mère, d’origine néerlandaise, préparait « des repas à consonance américaine », la nationalité paternelle. Son père, banquier international qui s’est « créé tout seul » et a passé la fin de la guerre au front, volait de réunion en réunion. Très jeune, Nelson Monfort a été envoyé en pension. Puis en internat. Pour lutter contre la grisaille ­dominicale, il y avait le spectacle, la musique, les livres et le sport. L’athlétisme d’abord – « J’ai été un des premiers adeptes du fosbury [rouleau dorsal au saut en hauteur] », assure-t‑il. Le tennis ensuite. Le golf enfin à partir de 12 ans avec son père, puis de manière intensive ­pendant un stage dans la finance à San ­Francisco (États-Unis). Ce ­protestant croyant non ­pratiquant confesse un seul regret, « avoir perdu [ses] parents très tôt ». Avant d’être marié. Avant la télé.

La suite après cette publicité

 J’ai appris qu’il ne fallait pas chercher à rendre les gens meilleurs qu’ils ne le sont 

Nelson Monfort

Sa carrière y a vraiment décollé un dimanche d’exhibition au Cap-d’Agde en 1987 – on parle bien de tennis. Face à ses questions décalées dans ce fluent American English de gentleman qui fera sa renommée, la star tchèque Martina Navratilova évoque son homosexualité et son désir d’avoir un enfant. « Là, je me suis dit qu’il fallait poursuivre dans cette voie », resitue-t‑il. Un rôle sur mesure, caricaturable mais inimitable. « J’ai appris qu’il ne fallait pas chercher à rendre les gens meilleurs qu’ils ne le sont, poursuit-il. Pete Sampras, j’ai senti que ce n’était pas son truc [de se livrer]. » De ses multiples Roland-Garros, il éprouve la fierté d’avoir « accompagné un moment d’Histoire avec Rafa », l’extraterrestre aux 14 victoires, absent cette année.

Causerie musicale

Le grand public garde surtout en mémoire le discours de Michael Chang en 1995 qui remerciait « Luigi », selon l’interprétation monfortienne, alors que le très pieux joueur américain évoquait Jésus-Christ. « Sur le coup, je le vis mal, je me dis que je suis trop bête. Mais vingt-quatre heures après, et a fortiori plusieurs années après, il n’en reste que de l’humour et de la bienveillance. Si on me considère – à en croire certains sondages – comme un des journalistes sportifs préférés des Français, c’est pour ces moments-là. » À 70 ans, grand-père depuis un an, l’indéboulonnable ­Nelson est ravi d’avoir acté la fin de l’aventure pour après Paris 2024. Ce qui ne signifie pas raccrocher d’un coup.

 Les émotions sportives se partagent 

Nelson Monfort

Il s’imagine bien en consultant spécial pour les grandes occasions, comme les Jeux olympiques d’hiver, afin de prolonger son duo baroque avec l’ex-­patineur Philippe ­Candeloro. Entre eux, la complicité a débordé de la glace aux planches. Ils ont écrit une pièce qui sera en résidence à l’automne : « Un thriller – enfin, une comédie – qui se passe à Tokyo dans le cadre d’un championnat du monde de patinage. » En attendant, Nelson Monfort continue de roder son one-man-show façon causerie musicale sur Jean Ferrat. Fin avril, c’était un des temps forts du salon ­castelroussin L’Envolée du livre : « Une très jolie fête, un très bon week-end. » Loin de la ­mélancolie.

Contenus sponsorisés

Sur le même sujet
Publicité