Mobilisation à Marseille contre le Choc des savoirs : "Trier nos élèves par niveau est inacceptable"

Les profs et parents d'élèves de plusieurs collèges marseillais se sont rassemblés jeudi 28 mars devant le collège Louis-Armand (12e) pour s'opposer au Choc des savoirs.

Les profs et parents d'élèves de plusieurs collèges marseillais se sont rassemblés jeudi 28 mars devant le collège Louis-Armand (12e) pour s'opposer au Choc des savoirs.

Photo L.M.

Marseille

Profs et parents de plusieurs collèges marseillais se sont rassemblés jeudi 28 mars à la pause méridienne devant Louis-Armand (12e) pour dénoncer le Choc des savoirs

Ils ont rapidement pris le bus ou leur voiture sitôt leur dernière heure de la matinée terminée pour se retrouver dès 12h30 ce jeudi 28 mars sur le parvis du collège Louis-Armand (12e) à Marseille. Banderoles et pancartes en main, profs et parents des collèges Fraissinet (5e), François-Villon (11e), Germaine-Tillon (12e), Les Caillols (12e) Darius-Milhaud (12e), André-Chenier (12e) et Louis-Armand (12e) ont exprimé leur refus catégorique de voir le dispositif du Choc des savoirs être mis en place à la rentrée.

"Dans les salles des profs, le Choc des savoirs fait l'unanimité contre lui", lance Sabine, prof de maths à François-Villon. "Les parents non plus ne veulent pas de ces groupes de niveau, ajoute Aurélie, dont le fils est scolarisé à Louis-Armand en classe de 3e. Pour avoir assisté à tous les conseils de classes depuis la 6e, je peux vous assurer que l'hétérogénéité et la mixité fonctionnent très bien ici. Tout le projet de l'établissement qui est justement basé sur cette hétérogénéité va être cassé par le Choc de savoirs s'il est mis en place."

"On est outrés de résumer les enfants à cela"

Le dispositif, présenté par Gabriel Attal alors qu'il était ministre de l'Éducation nationale, prévoit la création, d'abord en 6e et 5e, puis à la rentrée 2025 en 4e et 3e, de groupes de niveau en maths et français. Le texte, publié au Journal officiel le 17 mars dernier, évoque désormais des "groupes de besoin" dans lesquels les élèves pourraient transiter en fonction de leurs progrès au cours de l'année, mais le principe reste le même. "L'idée de trier nos élèves par groupes de niveau est inacceptable, poursuit Sabine. On est outrés de résumer les enfants à cela, alors que chacun a ses faiblesses et ses points forts. Et puis comment va-t-on pouvoir mener tous nos élèves devant l'examen national du brevet, malgré ces groupes de niveau ?"

Alors que le casse-tête d'une réorganisation des emplois du temps qui se fera sans moyens supplémentaires se profile, alors que les cours en demi-groupe en langue vivante, sciences et techno sont voués à disparaître, Sabine confie : "Nous sommes nombreux à être devenus profs par vocation, nous adorons notre métier malgré toutes les difficultés rencontrées avec les élèves, mais nous sommes maintenant tout aussi nombreux à chercher des métiers de reconversion tellement nous sommes dégoûtés par toutes les réformes imposées par le gouvernement et tout ce que manque de reconnaissance, c'est bien triste..."

Cette colère s'est exprimée à travers plusieurs initiatives spontanées menées en dehors de tout appel syndical, par les enseignants, durant la pause méridienne, comme ce fut déjà le cas il y a quelques semaines au collège Anatole-France (6e), au collège André-Malraux (13e) ou encore au collège Pierre-Puget (8e). Ce jeudi, plusieurs établissements du 13e arrondissement se sont aussi retrouvés autour d'un pique-nique revendicatif organisé devant l'entrée du collège Jacques-Prévert à Frais-Vallon (13e).

Mardi 2 avril, cette mobilisation sera relayée plus largement par l'intersyndicale (syndicats FSU, Fnec-FP-Fo, CGT Éduc’action, Sud Éducation, Sgen-CFDT et CNT-SO) des personnels de l'Education nationale qui appelle à la grève et à une manifestation qui partira à 10h30 des Réformés pour se rendre devant la Direction des services départementaux de l'Education nationale, boulevard Charles-Nédélec (1er).

À noter qu'une réunion publique sera organisée la semaine suivante, mardi 9 avril, à 18h dans l'amphithéâtre Noailles au 63, la Canebière, à Marseille, avec un seul objectif, rappelé ce midi par Maxime Champion, secrétaire départemental FO pour le second degré, "le retrait pur et simple du Choc des savoirs."