Flambée de l’essence : « La France doit repenser sa politique des carburants »
TRIBUNE. Les récentes hausses des prix de l’essence en France, aggravées par des taxes élevées et des tensions internationales, appellent à une révision urgente de la fiscalité des carburants pour préserver l’accessibilité et la durabilité de la mobilité, considère Sébastien Laye*.
Alors que les prix de l’essence en France ont récemment atteint des sommets inquiétants, avec des hausses notables et continues depuis le début de l’année, sur fond de tensions géopolitiques, la conduite quotidienne risque de devenir un luxe que beaucoup ne pourront plus se permettre. Ce phénomène, loin d’être anodin, traduit des dysfonctionnements profonds et des décisions politiques qui appellent à une révision urgente et rigoureuse.
Il n’est pas nouveau, et les crises récurrentes du carburant (la hausse des taxes sur le carburant à l’époque des Gilets jaunes, la crise du pouvoir d’achat en 2022 qui avait requis la mise en place des boucliers tarifaires, et enfin l’épisode actuel de flambée du brut) sonnent comme autant de contestations populaires face à ce qui est vécu comme une injustice.
D’abord, il est essentiel de comprendre les mécanismes derrière cette flambée des prix. La réduction de l’offre mondiale de pétrole à la suite d’un marché fragmenté par les sanctions contre certains pays producteurs ou les tensions au Moyen Orient, a inévitablement des répercussions sur les prix mondiaux, mais aussi et surtout sur les prix locaux à la pompe, en raison du marché fortement taxé en France.
En effet, le fardeau fiscal sur les carburants en France est particulièrement lourd, empêchant les consommateurs de bénéficier pleinement des périodes de baisse des prix du pétrole brut (comme celle qui a précédé la flambée actuelle). Il est temps de revoir la structure des taxes sur les carburants, comme je le demande depuis 2021, pour redonner du pouvoir d’achat aux Français.
Cela est d’autant plus pressant que les différents boucliers tarifaires ou indemnités carburants, éléments de la panoplie contre la crise inflationniste, ne sont plus en place et sont peu susceptibles de revenir, étant donné leur coût et l’absence de marges de manœuvre budgétaire : ces politiques de soutien aux conducteurs étaient un reliquat du quoi qu’il en coûte.
Chaque centime ajouté au prix du carburant se traduit par des dépenses supplémentaires pour les millions d’automobilistes
Cette hausse des prix (le prix du sans-plomb 95-E10 est passé en France de 1,7715 euro en janvier à 1,9004 euro en avril), n’est pas seulement un chiffre abstrait sur un tableau de bord ; elle se ressent profondément dans le quotidien des Français. Chaque centime ajouté au prix du carburant se traduit par des dépenses supplémentaires pour les millions d’automobilistes français, exacerbant la crise du pouvoir d’achat alors que la lutte contre l’inflation n’est pas complètement gagnée et que les hausses de salaires ont été modestes.
Face à ce constat, l’attitude du gouvernement sera déterminante. Il ne s’agit plus seulement de réagir à court terme avec des mesures palliatives, mais de repenser en profondeur la fiscalité des carburants et de promouvoir une transition vers des alternatives plus durables. Le plafonnement des prix à 1,50 euro le litre, proposé par des associations de consommateurs, pourrait être une mesure de soulagement immédiat, mais elle ne résoudra pas le problème structurel. Il est impératif que la France anticipe et accompagne cette transition énergétique non seulement par des ajustements fiscaux, mais aussi par des investissements dans les infrastructures vertes (nucléaires) et par une politique incitative en faveur de l’adoption de véhicules moins polluants.
Cela demande de soutenir la filière électrique et surtout son infrastructure nucléaire chez nous. Il faut aussi se poser la question de la sécurisation de notre approvisionnement en hydrocarbures, pour éviter de se retrouver comme l’Allemagne dépendante de la Russie. Établir une telle politique demande une vision de long terme sur la géopolitique (qui sont nos alliés ?), la transition énergétique (le nucléaire doit être considéré comme notre énergie verte) et la fiscalité (je propose depuis 2021 le retour d’une taxe flottante pour que les consommateurs profitent enfin des baisses de prix du pétrole).
En conclusion, si rien n’est fait, conduire en France pourrait devenir un indicateur de statut social plutôt qu’une simple nécessité pratique. Ce serait un échec non seulement économique mais aussi social et environnemental. Il est donc crucial de repenser notre rapport à l’énergie et à la mobilité, afin de garantir un avenir où la conduite reste accessible à tous, soutenable pour l’économie et respectueuse de l’environnement.
* Sébastien Laye est entrepreneur et économiste.
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