dérives de l’influenceCe que la vidéo de Simon Puech sur le piège au poison dit du milieu de l’influence

« On parle de qualidad »… Grâce à un produit empoisonné, le vidéaste Simon Puech piège des influenceurs peu scrupuleux

dérives de l’influenceDans une vidéo publiée ce mercredi, le youtubeur Simon Puech a décidé de piéger des influenceurs avec un produit empoisonné
Simon Puech a sorti une nouvelle vidéo ce mercredi sur les arnaques des influenceurs.
Simon Puech a sorti une nouvelle vidéo ce mercredi sur les arnaques des influenceurs. - Capture d'écran / YouTube/Simon Puech
Lina Fourneau

Lina Fourneau

L'essentiel

  • Pour mettre en évidence le manque de vérification des influenceurs, Simon Puech a créé un faux complément alimentaire nommé Biozin2 contenant du « soman », un gaz toxique, et l’a proposé en partenariat à des influenceurs.
  • La plupart des influenceurs n’ont pas cherché à vérifier la composition du produit, pourtant facilement traçable en quelques recherches. Certains ont même inventé des bienfaits santé au produit.
  • Ce manque de vérification va à l’encontre des règles dictées par le ministère de l’Economie qui demande aux influenceurs de « s’assurer que le produit dont vous faites la publicité n’est pas fictif » et que « vos arguments et promesses soient vraies et vérifiables ».

La vidéo a été vue plus de 397.000 fois depuis sa publication ce mercredi. Une audience méritée pour la dernière vidéo de Simon Puech, vidéaste suivi par 662.000 abonnés. En effet, son enquête en dit beaucoup sur le milieu de l’influence, parfois présentée comme mieux régulé aujourd’hui. Pourtant, dans l’ancien Far West du numérique, les nouvelles réglementations ne semblent pas appliquées à la lettre…

Comme le rappelle le vidéaste au début de sa vidéo, à l’été 2023, une loi pour réguler le monde de l’influence a été votée à l’unanimité au parlement et vient structurer le milieu où arnaques, dropshipping et collaborations peu transparentes sont légion. Ces pratiques sont-elles de l’histoire ancienne ? C’est ce qu’a tenté de vérifier Simon Puech dans son enquête.

« Un gaz de combat »

Pour cela, le vidéaste et son coauteur ont décidé de créer un produit empoisonné « ultra-dangereux s’il existait vraiment » et de le promouvoir à des influenceurs à travers des placements de produit. Le produit en question : le soman, « un dérivé de l’acide méthane-phosphonique préconisé comme gaz de combat », d’après le site du Larousse. Et pour faire joli, le poison est plongé dans un produit que tout le monde s’arrache dans le milieu de l’influence, les compléments alimentaires, sous le nom de BioZin2. Le Biozin promet de régler tous les problèmes : l’énergie, la concentration et les performances.

Voilà pour le brief. Il ne reste alors plus qu’à emballer tout ça dans un beau site qui retrace l’histoire de la marque avec un faux storytelling. L’entreprise aurait été fondée au siècle dernier par des médecins et se situerait sur le Lac Léman, en Suisse. Rajoutons également un peu de complicité de créateurs de contenu qui permettront une meilleure vitrine sur le site.

Pas une once de méfiance

Contre toute attente, la recherche de partenariats est un succès. Parmi les 70 influenceurs sélectionnés et les dizaines de mails envoyés, pas un seul refus, assure Simon Puech dans sa vidéo. Les vidéos de promotion sont unanimes : « Mon coup de cœur du moment », « vous en avez tous besoin », « ça respecte toutes les normes », « il n’y a aucun danger ». Le soman est même présenté comme un renforcement musculaire et une aubaine pour les cheveux.

Les agences d’influence, elles aussi, plongent. « Je vais vous mettre plusieurs talents », promet une des agentes, normalement habituée dans leur profession à la vérification de la qualité des produits. « Ce sont des laboratoires qui ont travaillé dessus, il y a une question de confiance. Ce sont des produits qu’on connaît », renchérit un autre. Vraiment ?

« Vos arguments et promesses doivent être vraies et vérifiables »

A travers cette vidéo, tout porte à croire que certains influenceurs se renseignent très peu sur les produits qu’ils promeuvent. Le soman, indiqué lisiblement sur le flacon, est rapidement trouvable sur Internet et en seulement deux trois clics. Les premiers sites le mentionnent tous comme un agent toxique. Le « chlorure de sodium » est lui aussi vanté pour ses mérites pour les muscles ou les cheveux… n’étant rien d’autre que le terme scientifique du sel.

La couverture de l’entreprise n’est pas plus vérifiée. Si Simon Puech a créé un site, il n’existe aucun réseau social pour l’entreprise, ce qui est suspect. Si on écrit « Biozin2 » sur un moteur de recherche, on trouve davantage un produit qui « favorise la santé des sabots de votre cheval ». Les vidéos des créateurs complices, elles, ne sont disponibles que sur le site et non sur leurs comptes personnels sur Instagram. Dernier red flag, le produit n’est pas disponible en commande et est signalé comme « out of stock ». Pourtant, parmi les réponses, aucun ne pose réellement de question sur la composition. Ni parmi les influenceurs, ni parmi les agents. D’autres en inventent même des bienfaits et de nouvelles propriétés jamais énoncées parmi les indications envoyées par la fausse entreprise.

Pourtant, dans le Guide de bonne conduite des influenceurs et créateurs de contenus publié en juin 2023 par le ministère de l’économie, on lit : « la loi vous impose de vous assurer que le produit dont vous faites la publicité n’est pas fictif ». Et ajoute : « Vos arguments et promesses doivent être vrais et vérifiables. Les communications commerciales qui reposent sur des allégations fausses ou que vous ne pouvez pas justifier constituent également des pratiques commerciales trompeuses ».

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