Couacs, démissions : le cas Prisca Thévenot embarrasse l’exécutif

C'est assez rare pour être souligné. En une journée, vendredi dernier, la porte-parole du gouvernement, Prisca Thévenot, a perdu trois membres de son cabinet. Son directeur de cabinet, William Elman, sa conseillère spéciale et sa cheffe de cabinet lui ont remis leur démission. Ces départs s'ajoutaient à celui de sa plume, Alexis Bétemps, quelques jours auparavant – il avait démissionné juste avant la publication d'une enquête de Mediapart faisant état de son « attirance » pour les idées de l'essayiste d'extrême droite Alain Soral.

« C'est révélateur. Personne ne veut être lié de près ou de loin aux conneries de Prisca… », grince un député Renaissance. Depuis sa nomination, poussée par Gabriel Attal lors du dernier remaniement, en janvier, la ministre chargée du Renouveau démocratique a multiplié les couacs et approximations, plaçant régulièrement l'exécutif et la majorité dans l'embarras.

Dernier en date : le faux attentat déjoué. Mercredi 3 avril, au cours de l'habituel compte rendu du conseil des ministres à l'Élysée, Prisca Thévenot saluait la mobilisation des forces de l'ordre durant le week-end de Pâques, ajoutant : « Grâce à cette mobilisation, nous avons pu mettre un arrêt à une tentative de passage à l'acte. Car oui, il y a des tentatives de passages à l'acte, et grâce à la mobilisation de ces hommes et de ces femmes au quotidien, nous pouvons éviter des drames. Ce passage à l'acte a été évité le week-end dernier. »

Les journalistes présents s'enquièrent de détails sur cette « tentative de passage à l'acte » et toutes les boucles de Beauvau, inondées de messages, surchauffent. Avant même la fin du compte rendu, son entourage s'empresse de déclarer à l'AFP qu'« aucun attentat n'a été déjoué ce week-end »…

La porte-parole du gouvernement doit rétropédaler en direct, estimant n'avoir « sûrement pas été claire ». Puis, dans la journée, ses proches sortiront les rames, martelant qu'elle faisait en fait référence à l'arrestation d'un Égyptien début mars… Sans convaincre. Quelques jours avant cette bévue, Prisca Thévenot avait annoncé qu'Emmanuel Macron recevrait les agriculteurs « avant la fin de la semaine », alors que le chef de l'État venait de dire l'inverse en conseil des ministres.

« Cacophonie générale »

« S'exprimer sur une attaque terroriste quand ce n'est pas vérifié et sans prendre les précautions nécessaires, ça n'existe pas », fulmine un membre du gouvernement, qui regrette, à l'instar d'autres ministres, qu'Attal, dont Thévenot est proche – ils sont élus du même département, les Hauts-de-Seine –, ait choisi de la nommer à ce poste à hautes responsabilités.

L'ex-secrétaire d'État à la Jeunesse était en concurrence avec la députée Maud Bregeon, qui convoitait le porte-parolat et pouvait compter sur le soutien d'une partie de la majorité. « Attal a choisi Thévenot comme porte-parole parce qu'il ne voulait pas d'une personnalité qui puisse shiner (briller). Il voulait une personne loyale qui lui permette de faire lui-même sa propre communication », croit savoir un ministre.

« À sa décharge, le boulot de porte-parole était déjà difficile auparavant ; il est désormais impossible, compte tenu du désordre permanent qui règne au sein de l'exécutif, pointe un macroniste historique. C'est la cacophonie générale ! Tout le monde se contredit, tout le temps. Elle ne maîtrise rien parce que rien ne peut être maîtrisé. Comment voulez-vous tenir une position claire quand le président et le Premier ministre disent tout et son contraire dans la même journée ? ! Je pense qu'elle fait de son mieux. Le meilleur porte-parole du monde ne peut pas transformer du plomb en or. »

« Elle est incisive et elle gêne l'opposition, donc c'était le bon choix », défend Nadia Hai, vice-présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale. « Le job de porte-parole est difficile. Mais il faut dire qu'elle n'est pas bonne. Il n'y a aucun pilotage de la communication globale du gouvernement », cingle une source au sein de l'exécutif.

Après une série d'initiatives « non coordonnées, non concertées et non validées », le directeur de cabinet de Gabriel Attal, Emmanuel Moulin, vient d'ailleurs de rappeler à l'ordre les ministres, leur demandant d'envoyer leurs citations à Matignon avant leur publication dans la presse, comme l'a révélé Le Figaro. À bon entendeur…