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970 millions d'électeurs appelés aux urnes durant quarante-quatre jours. Les chiffres autour des élections générales indiennes sont impressionnants : un peu plus d'un million de bureaux de vote seront installés à travers tout ce pays d'une superficie de plus de 3 millions de kilomètres carrés. L'enjeu est aussi de taille puisque le parti majoritaire désignera le Premier ministre.
Selon les derniers sondages, le parti du Premier ministre Narendra Modi, le BJP (Bharatiya Janata Party, littéralement « Parti du peuple indien »), pourrait remporter environ deux tiers des 453 sièges en jeu.
Des oppositions très diverses s'unissent contre Modi
Face à Narendra Modi, Premier ministre nationaliste hindou en poste depuis dix ans, une alliance d'environ 40 partis s'est mise en place, incluant des organisations d'extrême droite, des communistes et des minorités religieuses.
Une coalition étonnante sur le papier. « Le seul choix de mettre en échec le BJP est de se mettre d'accord pour n'envoyer qu'un candidat par circonscription, en dépit des conflits entre partis. Ces accords sont une condition sine qua non pour éviter la dispersion des voix et l'emporter », explique Olivier Da Lage, chercheur associé à l'Iris (Institut des relations internationales et stratégiques) et spécialiste de l'Inde.
Malgré cette coalition contre lui, il reste « difficile de prédire les résultats » pour ce scrutin à un seul tour car « certains candidats ne seront connus qu'après les premiers résultats et certains programmes ont été publiés tard », selon le chercheur. « Il faudra voir si les sympathisants d'un parti sont prêts à voter pour un autre avec qui une alliance a été mise en place », poursuit l'auteur de L'Inde, un géant fragile.
Les inégalités persistent après dix ans de Modi
Durant la campagne, le BJP s'est appuyé sur la « personnalité de Modi », explique Olivier Da Lage, rappelant sa popularité avec environ 80 % d'opinions favorables. « Il a fait campagne sur la transformation de l'Inde en indiquant que celle-ci n'était pas encore terminée. Il dénonce une corruption de l'opposition, qu'il accuse d'être économiquement incompétente. »
Après deux mandats consécutifs de Narendra Modi, l'Inde affiche une croissance économique importante (8,4 % au dernier trimestre de 2023) et pourrait devenir la troisième économie mondiale en 2030. « Mais les disparités restent fortes », nuance le chercheur. « La fortune des riches s'envole quand celle des plus pauvres stagne. C'est une croissance qui ne crée pas d'emplois. C'est pour cette raison que beaucoup d'immigrés clandestins aux États-Unis sont indiens », rappelle Olivier Da Lage.
En face, « l'opposition dit qu'il est autoritaire et craint qu'un troisième mandat de Modi ne fasse disparaître la démocratie ». En cause, les moyens mis en place pour contrer l'opposition. Amnesty International a estimé que l'action du pouvoir contre les oppositions était « une répression brutale des droits de l'homme, notamment par l'utilisation abusive des agences centrales d'enquête et financières, des attaques contre des manifestations pacifiques, des arrestations arbitraires et l'utilisation et l'exportation de logiciels espions invasifs à des fins de surveillance illégale ».
Dans le viseur de l'organisation, l'arrestation d'un opposant à Modi, le ministre en chef de Delhi Arvind Kejriwal, pour des faits de blanchiment d'argent ou le gel des comptes bancaires d'un des partis de l'opposition. « Cela irrite l'Inde qu'on qualifie son système de semi-démocratique ou de démocratie autoritaire. C'est une démocratie loin d'être parfaite », observe le chercheur associé à l'Iris. Les résultats définitifs de ces élections seront connus au début du mois de juin.
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