Le 28 mars, alors que la commission d’enquête parlementaire sur l’attribution et le contrôle des fréquences de la TNT s’aventurait sur des thèmes sans rapport direct avec son objet, pas moins de cinq anciens ministres de la culture ont dit, sans détour, le manque de sens d’un regroupement voire d’une fusion des entreprises de l’audiovisuel public sous une structure commune.
Sans se concerter, Jacques Toubon, Renaud Donnedieu de Vabres, Fleur Pellerin, Roselyne Bachelot et Rima Abdul Malak, qu’il est difficile de ranger sous une même bannière politique, se sont unanimement prononcés contre un projet disparu avec la crise sanitaire de 2020 et que Rachida Dati a exhumé à son arrivée Rue de Valois. « C’est une réforme importante, à laquelle tient d’ailleurs le président de la République », assurait-elle ainsi, le 9 février.
Chaque fois qu’elle est interrogée, la cinquième ministre de la culture depuis 2017 use de tautologies pour défendre ce grand projet dont on ignore encore les contours qu’elle souhaite lui donner. « Quel est l’objectif ? », a-t-elle détaillé devant les sénateurs, le 12 mars. « Ce n’est pas un mercato. C’est : on rassemble des forces, on est plus puissants, on est plus efficaces. Si l’on rassemble des forces et l’on est plus puissants et plus efficaces, il faut une gouvernance unique. Si l’on est plus efficaces, il faut des coopérations et des synergies (…). A un moment, il faut que ça se fasse. Sinon on va affaiblir l’audiovisuel public et ça n’ira pas mieux après. »
Adversité inattendue
La nécessité de regrouper France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’INA, TV5 Monde et Arte étant à part, n’a pas besoin de justification, en raison même de l’existence des souhaits de rapprochement ! « Il est temps de mettre fin à une exception française », expliquaient, dès juin 2022, les sénateurs Jean-Raymond Hugonet et Roger Karoutchi (Les Républicains), qui réclamaient une fusion pure et simple. Il est « urgent d’avancer », insistait M. Hugonet, un an plus tard, lorsque son collègue Laurent Lafon (UDI) a déposé une proposition de loi, votée le 13 juin 2023, en vue de la création d’une holding.
« Cette demande de holding, aujourd’hui, c’est la demande de trois patrons de quatre des entités publiques concernées. C’est aussi une demande d’une majorité à l’Assemblée et au Sénat. Donc, une volonté parlementaire très très forte qu’il faut prendre en compte », a défendu Quentin Bataillon (Renaissance, Loire), le président de la commission sur la TNT, acculé par l’inattendue adversité que lui opposaient les anciens ministres. Delphine Ernotte, dont le deuxième mandat à la tête de France Télévisions expire en 2025, s’est toujours effectivement prononcée pour une structure commune. « Je fais le pari que, en s’alliant, notre puissance sera démultipliée, a-t-elle insisté, le 5 avril, dans Le Figaro. Ce projet, c’est le choix de la responsabilité. »
Il vous reste 49.12% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
