8 bateaux de croisière et 40000 personnes attendues ce week-end à Marseille : le débat s'ouvre à nouveau

2,6 millions de passagers à Marseille l'an dernier, soit 36 % en plus par rapport à 2022.

2,6 millions de passagers à Marseille l'an dernier, soit 36 % en plus par rapport à 2022.

Photo Frédéric Speich

Marseille

Le terminal de Marseille accueillera ce samedi 20 avril, six bateaux de croisière et leurs quelque 30 000 passagers. Le lendemain, deux autres paquebots Costa accosteront avec 10 000 touristes à bord. 18 000, le lundi. Ces escales annoncent le début de la saison et ouvrent une nouvelle fois le débat.

Huit jours de vacances en Méditerranée. Une boucle au départ de Marseille en sept étapes, tout inclus, à partir de 799 euros par personne. Une offre parmi des dizaines que propose la compagnie italienne Costa Croisières à bord de son paquebot Pacifica et ses 521 cabines, 11 bars et 9 piscines et jacuzzis. Ce dernier sera à Marseille ce samedi comme cinq autres navires. "C’est un week-end exceptionnel, c’est vrai, avec l’arrivée de six bateaux le samedi et deux le dimanche, un week-end dense comme il s’en produit deux ou trois par an", expose Jean-François Suhas, président du club de la croisière Marseille Provence.

En 2023, plus de 2,6 millions de passagers ont fait escale à Marseille

La croisière a le vent en poupe : les catalogues s’enrichissent, les équipements se réinventent, les prix se cassent et les compagnies rivalisent de folie. MSC Croisières vient de dévoiler sa toute nouvelle attraction, "Cliffhanger", première balançoire accrochée 50 mètres au-dessus de la mer, à bord du MSC World America, mise en service en avril 2025. Le directeur général France de la compagnie, Patrick Pourbaix, se réjouit d’ailleurs d’un "intérêt croissant des Français pour la croisière". En 2023, l’activité a représenté plus de 31 millions de passagers (selon l’association internationale des compagnies de croisière) à travers le monde ; 2,6 millions de passagers à Marseille, soit 36 % en plus par rapport à 2022. Des chiffres records qui compensent le bilan en berne des autres activités du GPMM (Grand port maritime de Marseille) : la croisière est la seule en croissance.

Premier port français pour la croisière, il est aussi, en 2023, le plus pollué du pays. L’électrification des quais, qui permet aux bateaux de couper leur moteur et de réduire leurs émissions de polluants, se déploie. Après avoir équipé le secteur des ferries reliant la Corse, le GPMM active la deuxième phase avec comme objectif le raccordement simultané de plusieurs paquebots dès 2025. Un plan escale zéro fumée est prévu "avant l’obligation légale de 2030", insiste Jean-François Suhas.

Mais les critiques pointent, notamment de la part de la Ville. "Il faut qu’ils se renseignent, qu’ils étudient le sujet, relève le pilote maritime. Aujourd’hui, il y a plus d’escales à Cannes ou à Monaco qu’à Marseille, Nice n’a plus de place et envoie les bateaux de croisière sur Villefranche… Oui, à Marseille, nous continuerons d’accueillir les bateaux de croisière." La taxe dont s’acquitte chaque passager auprès du port va de nouveau augmenter pour atteindre 6 euros (de 2 euros, elle était passée à 4 en 2022).

"Ça fait partie de notre activité commerciale, de nos investissements, de nos 3 000 emplois. L’équipe municipale a vendu l’idée aux Marseillais qu’ils enlèveraient le port pour étendre la plage ! Mais ils n’enlèveront pas le port…", poursuit le président du club de la croisière qui reste sceptique quant au projet de l’adjoint au tourisme, Laurent Lhardit, de mener une étude sur le cheminement et la consommation des passagers dans la ville. "Je pense que c’est dépenser beaucoup d’argent pour pas grand-chose. Une fois qu’on aura dit que ces touristes dépensent 43 euros en moyenne. Qu’est ce qu’on en fait de cette information ? Est-ce qu’il se pose la même question pour les vacanciers qui louent un Airbnb ? "

Avant le rush de l’été, Laurent Lhardit entend aussi mettre en place une capitainerie urbaine pour une meilleure gestion des flux de passagers et de la circulation. "Pas vraiment une nouveauté puisque le PC croisières existait avant de voler en éclat à l’arrivée du Printemps marseillais à la mairie", souffle le pilote.

Le vent continue de souffler, seul élément qui pourrait perturber l’arrivée des bateaux ce samedi.