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Mathilde Panot annonce être convoquée par la police pour apologie du terrorisme

« Aucune convocation, aucune intimidation de quelque nature que ce soit ne nous empêchera de protester contre le génocide en cours contre le peuple palestinien », a déclaré la députée « insoumise », sur X. Pour Jean-Luc Mélenchon, sa convocation est un « événement sans précédent dans l’histoire de notre démocratie ».

Le Monde avec AFP

Publié le 23 avril 2024 à 13h37, modifié le 24 avril 2024 à 06h43

Temps de Lecture 3 min.

La députée (La France insoumise) du Val-de-Marne Mathilde Panot, à Vitry-sur-Seine, le 17 avril 2024.

La cheffe de file des députés La France insoumise (LFI), Mathilde Panot, a annoncé, mardi 23 avril, être convoquée par la police dans le cadre d’une enquête pour apologie du terrorisme ouverte à la suite d’un communiqué de son groupe parlementaire publié le 7 octobre 2023, jour de l’attaque menée par le Hamas palestinien contre Israël.

« C’est la première fois dans toute l’histoire de la Ve République qu’une présidente d’un groupe d’opposition à l’Assemblée nationale est convoquée pour un motif aussi grave », a assuré l’élue dans un communiqué. « Aucune convocation, aucune intimidation de quelque nature que ce soit ne nous empêchera de protester contre le génocide en cours contre le peuple palestinien », a-t-elle estimé. Sur X, Mathilde Panot a appelé « tout un chacun à prendre conscience de la mesure des atteintes alarmantes contre la liberté d’opinion et contre la démocratie ».

Le 7 octobre 2023, le groupe La France insoumise à l’Assemblée nationale avait publié un texte qui avait suscité la polémique, car il mettait notamment en parallèle l’attaque du Hamas, décrite comme « une offensive armée de forces palestiniennes », et « l’intensification de la politique d’occupation israélienne » dans les territoires palestiniens.

La volonté de « protéger un génocide » à Gaza pour M. Mélenchon

Pour Jean-Luc Mélenchon, la convocation de Mathilde Panot est un « événement sans précédent dans l’histoire de notre démocratie », qui montre une volonté de « protéger un génocide » à Gaza. « La police convoque sans état d’âme à tour de bras une liste que l’on dit très longue. Toute la sphère politique et intellectuelle antigénocide est menacée », a-t-il lancé, sur X.

« Ma cliente répondra à cette convocation, et il ne peut y avoir de doute quant à l’issue judiciaire qui y sera donnée tant aucun de ses propos ne peuvent être qualifiés de la sorte », a réagi auprès de l’Agence France-Presse (AFP) l’avocate de Mathilde Panot, Jade Dousselin, rappelant que la convocation émanait d’un « procureur de la République » chargé de l’enquête.

« Les convocations judiciaires sont à l’initiative de l’Organisation juive européenne (OJE) », a assuré pour sa part le coordinateur du mouvement « insoumis », Manuel Bompard. Comme plusieurs représentants de LFI, Mathilde Panot a bien fait l’objet d’une plainte de la part de l’OJE concernant des propos tenus après l’attaque du 7 octobre 2023. « Mme Panot est convoquée, c’est très bien », a simplement déclaré, à l’AFP, Muriel Ouaknine-Melki, avocate et présidente de l’OJE, refusant de commenter plus.

Soutien à gauche…

La convocation de Mathilde Panot a été condamnée par de nombreuses personnalités de gauche. Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a dénoncé « une atteinte grave à la démocratie ». « Le fait que ces événements aient lieu en période de campagne ajoute à la gravité. Cela doit cesser », a-t-il ajouté. Chez Les Ecologistes, Marine Tondelier a apporté son « soutien » à Mme Panot et a rappelé son « profond attachement aux libertés publiques », en dénonçant « la loi Cazeneuve de 2014 qui a permis de limiter l’expression politique sous prétexte d’apologie du terrorisme ».

« Ces atteintes répétées à la liberté d’expression, pilier de nos droits fondamentaux, mettent à mal notre démocratie. Elles atteignent une ampleur inédite qui vise à intimider et à faire taire toute contestation politique, à discréditer toute opposition, en particulier sur le conflit israélo-palestinien », a réagi pour sa part le groupe des députés communistes.

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Les « insoumis » ont fait bloc autour de Mme Panot, y compris chez les frondeurs opposés à la direction. « La présidente d’un groupe d’opposition convoquée par la police judiciaire. Du jamais vu », a commenté le député (LFI) de la Somme François Ruffin, appelant « toutes les voix attachées aux libertés publiques, d’où qu’elles viennent » à « protester, résister ». « Cette convocation est inacceptable, intolérable… Et très inquiétante pour nos libertés collectives, quelles que soient nos opinions. Tous les démocrates et les républicains doivent se rassembler pour dire “stop” ! », a estimé son collègue (LFI) de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière.

… discrétion dans la majorité, la droite et l’extrême droite

La majorité, la droite et l’extrême droite sont restées au contraire plutôt discrètes sur la convocation de Mathilde Panot. « On ne peut pas prétendre écrire la loi à l’Assemblée [nationale] et refuser qu’elle s’applique à soi-même en dehors. Arrêtez de vous victimiser. Vous radicalisez volontairement vos discours et vos actes et franchissez toutes les limites. La loi est là pour vous le rappeler », a écrit la députée (Renaissance) des Bouches-du-Rhône Anne-Laurence Petel . Deborah Abisror-de Lieme, ancienne candidate du parti présidentiel aux législatives dans la 8circonscription des Français établis hors de France – elle regroupe plusieurs pays du pourtour méditerranéen, dont Israël –, a, elle, estimé que « le Hamas est un groupe terroriste. Le nier et le revendiquer est de l’apologie du terrorisme. On ne transige pas avec le terrorisme ».

La nouvelle intervient quatre jours après que la candidate aux élections européennes Rima Hassan, septième sur la liste (LFI) de Manon Aubry, a également annoncé sa convocation par la police judiciaire pour apologie du terrorisme. « J’estime n’avoir rien à me reprocher, m’être toujours exprimée de manière critique à la fois envers le Hamas et son mode opératoire terroriste, mais aussi [envers] Israël », avait-elle réagi vendredi auprès de l’AFP.

LFI dénonce une instrumentalisation de la justice, assurant qu’on lui fait payer son soutien aux Palestiniens et son utilisation du terme « génocide » pour qualifier la situation à Gaza. La semaine dernière, deux conférences de Jean-Luc Mélenchon sur la situation au Proche-Orient ont été annulées à Lille, d’abord à l’université puis dans une salle privée. « Un abus de pouvoir de république bananière », avait fustigé le leader des « insoumis ».

Le Monde avec AFP

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