À Marseille, cité Le Mail, le préfet de police en soutien au septuagénaire agressé dimanche
Par Blandine FRAYSSE
Appuyée sur une nouvelle canne, la victime a raconté son agression au préfet de police ce lundi 22 avril.
Photo Blandine Fraysse
Marseille
Après l’agression d’un septuagénaire dimanche soir dans le hall de son immeuble du Mail dans le 14e arrondissement de Marseille, le préfet de police Pierre-Édouard Colliex a rendu visite, ce lundi 22 avril, à la victime et aux habitants de cette cité qui se délabre.
Escorté de plusieurs dizaines de policiers, de l’adjoint au maire de Marseille chargé de la sécurité, Yannick Ohanessian et de Marion Bareille, la maire des 13e et 14e arrondissements de Marseille, Pierre-Édouard Colliex a arpenté la cité Le Mail (14e) ce lundi 22 avril au soir. Moins de 24 heures après l’agression dont a été victime un septuagénaire dans le hall de son immeuble, le préfet de police des Bouches-du-Rhône tenait à rencontrer la victime, pour l’assurer de son soutien et de sa sollicitude.
Mais aussi pour délivrer un message clair : quoi qu’ils fassent et où qu’ils se trouvent, les délinquants "trouveront toujours des forces de l’ordre sur leur route, car il faut qu’ils se rendent compte que ce qu’ils font, ce n’est pas possible !".
L’impossible, une vingtaine de jeunes qui squattaient le hall d’immeuble de Souleyman* (le prénom a été modifié), 75 ans, l’ont pourtant accompli dimanche soir, peu après 21h, alors que le septuagénaire rentrait chez lui, appuyé sur la canne sans laquelle il ne saurait se déplacer.
Surpris de découvrir un tel attroupement et incommodé par les odeurs de cannabis qui ont envahi la cage d’escalier du bâtiment B de la cité, le retraité invite ce baroque aréopage à quitter les lieux.
Sans s’émouvoir de son âge avancé et de la canne orthopédique sur laquelle il s’appuie, les jeunes importuns le toisent, l’encerclent, l’invectivent et finalement l’agressent physiquement, avant de lui dérober sa canne.
"Ils voulaient me tuer"
"Je n’ai rien compris. J’ai juste senti quelque chose me piquer à la poitrine. Ce n’est qu’une fois rentré chez moi que j’ai découvert que les trois tricots que je portais sous ma veste étaient percés et pleins de sang", relate la victime au préfet de police venu prendre de ses nouvelles, après sa sortie du service de réanimation de la Timone hier.
Service dans lequel le septuagénaire avait été admis tard dans la soirée de dimanche, pour une plaie de deux centimètres sous la poitrine, infligée par arme blanche. "Ils voulaient me tuer quand j’ai été pointé. Ils m’ont piqué à un centimètre du cœur", s’indigne Souleyman, dont trois des assaillants ont été interpellés par la police dans la foulée de l’agression.
Âgés de 15, 16 et 19 ans, ils ne seraient pas les principaux protagonistes de l’agression, bien que l’un d’entre eux ait reconnu avoir "tenu la canne pour affaiblir le septuagénaire". Les autres participants sont toujours activement recherchés par la Division de la criminalité territoriale (DCT) qui a été saisie de l’enquête.
Adossée à La Busserine, la cité du Mail, copropriété en liquidation judiciaire, donne encore quelques illusions sur ses façades. À l’intérieur, en revanche, cages d’escalier et couloirs révèlent un état de délabrement et d’insalubrité inquiétant où l’odeur d’urine, les tags et les détritus en tous genres le disputent aux raccordements sauvages à l’électricité et aux débris de verre qui constellent un sol autrefois carrelé.
"Les réponses pénales seront fermes"
Que faisait cette vingtaine de jeunes dans le hall du bâtiment B de la cité dimanche soir, quand Souleyman a été agressé ? Sans doute s’étaient-ils retirés d’un point de deal voisin pour se mettre à l’abri du vent glacial qui décoiffe la cité phocéenne depuis plusieurs jours. "Dimanche, il soufflait un fort mistral. Il faisait très froid. On a probablement affaire au repli de guetteurs venus s’abriter", analyse-t-on dans les rangs de la police.
Tandis qu’un jeune homme replie en vitesse son commerce de cigarettes à l’unité à la vue des policiers en tenue qui escortent le préfet de police, Pierre-Édouard Colliex met en garde contre l’impunité dont les dealers et leur cohorte de petites mains croient encore pouvoir profiter : "Les réponses pénales seront fermes pour chaque délit."
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