Le constructeur aéronautique américain Boeing a subi une perte nette au premier trimestre, moins importante qu'attendu, liée au ralentissement de ses livraisons après des problèmes de production et des incidents d'exploitation.

"Nos résultats du premier trimestre reflètent les actions immédiates que nous avons entreprises pour ralentir la production du 737 afin de parvenir à des améliorations de la qualité" des avions, a commenté Dave Calhoun, patron de l'avionneur, cité mercredi dans un communiqué.

"Nous prendrons le temps nécessaire pour renforcer nos systèmes de gestion de la qualité et de la sécurité et ce travail nous mettra en position pour un avenir plus solide et plus stable", a ajouté celui qui doit quitter son poste à la fin de l'année, emporté par les conséquences de moult problèmes rencontrés par Boeing sur plusieurs de ses modèles commerciaux.

Au premier trimestre, le chiffre d'affaires de Boeing a atteint 16,57 milliards de dollars (-7,5% sur un an).

La perte nette ressort à 343 millions de dollars, contre une perte nette de 414 millions un an plus tôt. Les analystes du consensus de FactSet avaient prévu une perte bien plus importante, à 709 millions.

"Les résultats financiers reflètent des livraisons inférieures de 737 et les conséquences du maintien au sol du 737-9", a indiqué Boeing, en référence à l'incident survenu le 5 janvier sur un avion d'Alaska Airlines qui a perdu en vol une porte-bouchon.

Dans un document déposé auprès du gendarme américain de la Bourse (SEC), Boeing a mentionné une charge de 443 millions de dollars, après assurance, enregistrée au premier trimestre au titre de cet incident.

Les résultats de Boeing affectés par ses problèmes de production, mais moins que prévu

Deux compagnies américaines ont été les plus affectées par cette suspension des vols: Alaska a indiqué avoir déjà reçu 162 millions de dollars, et United Airlines a obtenu des avoirs sur des commandes futures d'un montant non spécifié.

L'action Boeing reculait de 2,86% à la clôture de la Bourse de New York.

Cette perte trimestrielle n'est guère une surprise, le directeur financier Brian West avait prévenu dès le 20 mars que cet incident allait plomber ces résultats trimestriels.

Production ralentie

Les régulateurs ont identifié des problèmes de "non-conformité" chez Boeing et son sous-traitant Spirit AeroSystems, qui fabrique en particulier ses fuselages.

Les nouveaux protocoles d'inspection de Boeing chez Spirit ont permis de réduire de 80% le nombre de problèmes de non-conformité sur les fuselages livrés par rapport à il y a deux mois, a indiqué M. Calhoun sur CNBC.

"Nous sommes encouragés par leur netteté et par la fluidité avec laquelle ils progressent remarquablement plus vite sur la chaîne de production" de Boeing, a-t-il précisé lors d'une audioconférence avec des analystes.

L'une des conséquences de ces problèmes de production a été le gel par l'Agence américaine de l'aviation civile (FAA) de la cadence de production des 737 au niveau de fin 2023 (38 par mois), alors que l'avionneur comptait poursuivre sa hausse jusqu'à 50 exemplaires mensuels en 2025/2026.

Il n'en a produit que 27 en janvier et est resté en dessous du plafond imposé "pour incorporer les améliorations" en matière de qualité et de processus de fabrication, a précisé le groupe mercredi.

Les résultats de Boeing affectés par ses problèmes de production, mais moins que prévu

En conséquence, sur les trois premiers mois de l'année, l'avionneur n'a livré que 83 avions, contre 130 un an plus tôt. Il n'a donc encaissé que 4,65 milliards de dollars (-31%).

Sur CNBC, M. Calhoun a maintenu l'objectif de 10 milliards de dollars de flux de trésorerie par an à horizon 2025/2026. Car, selon lui, la situation de Boeing va "revenir à la normale au second semestre".

Dans un message adressé aux employés, il affirme que la quasi totalité du stock de 737 MAX 8 --110 exemplaires-- et de 787 --60 exemplaires-- sera livrée "d'ici la fin de l'année".

De bon augure pour les caisses de Boeing, qui reçoit le gros du paiement à la livraison. Son carnet de commandes atteignait fin mars 529 milliards de dollars, dont 448 milliards pour plus de 5.600 avions commerciaux.

L'agence de notation Moody's a abaissé d'un cran les notes de dette à long terme (Baa3) et à court terme (P-3), avec une perspective négative. Selon elle, les problèmes de la branche d'aviation commerciale (BCA) vont "perdurer au moins jusqu'en 2026" et affecter les liquidités.

La branche Défense, Espace et Sécurité (BDS) a engrangé 6,95 milliards de dollars (+6%) et dégagé un bénéfice opérationnel de 151 millions de dollars, contre une perte de 212 millions un an plus tôt.

Son résultat a pâti d'un manque-à-gagner de 222 millions de dollars sur des programmes à prix fixés contractuellement plus coûteux que prévu.