Pourquoi la bière mousse moins quand on penche le verre

Christophe Lavelle, chercheur en biophysique moléculaire, épigénétique et alimentation, explique comment fonctionne la mousse dans les bières.

Par Christophe Lavelle, pour *

La mousse, objet de débats sans fin des amateurs de bière.
La mousse, objet de débats sans fin des amateurs de bière. © Yegor Aleyev/TASS/Sipa USA

Temps de lecture : 2 min

La mousse de la bière, c'est de la physique et de la chimie. La physique d'abord, car il s'agit d'un état de la matière bien particulier, fait de bulles de gaz dispersées dans un liquide ; de la chimie aussi, car pour que ces bulles « tiennent », il leur faut un allié, que l'on appelle « tensioactif » et qui peut être de nature chimique très variée. En cuisine, on rencontrera souvent des lécithines et des protéines qui feront très bien l'affaire pour créer les traditionnels soufflés, meringues, ou encore les fameuses écumes récemment à la mode sur nos assiettes.

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Car pour qu'il y ait mousse, il faut non seulement des bulles mais aussi, et surtout, qu'elles soient suffisamment stables pour se tasser les unes contre les autres sans éclater. Ainsi, les sodas gazeux tout comme les vins dits « mousseux » révèlent leur effervescence dès qu'on ouvre la bouteille, libérant sous forme de bulles le gaz carbonique (CO2) qui y était dissous : ça « mousse » alors en effet… et de nouveau quand on verse la boisson dans le verre… mais cette mousse disparaît quasi instantanément !

Plus le liquide sera agité, plus le volume de gaz libéré sera important

Alors, la bière, qu'a-t-elle de « plus » que ces boissons pour permettre à ses bulles de rester longuement en surface, formant ce fameux col blanc dont se délectent les amateurs ? Des tensioactifs ! En effet, les protéines du malt d'orge ainsi que l'isohumulone (une molécule issue de la dégradation, lors de la fermentation, de la lupuline apportée par le houblon) entourent les bulles lors de leur remontée, formant comme un manteau protecteur qui leur permet de se tasser les unes contre les autres… avant de finir, quand même, par éclater au bout de plusieurs minutes.

Maintenant que l'on a compris la chimie, comment faire en sorte de « contrôler » le volume de mousse ? En revenant à la physique : car plus le liquide sera agité, plus le volume de gaz libéré sera important.

C'est pourquoi une bière servie de haut dans le verre fera beaucoup de mousse, alors qu'en la faisant couler très doucement (et donc sans choc) le long du verre, la mousse restera mince. Est-ce pour autant une bonne idée de procéder ainsi ? Pas forcément, car tout le gaz qui n'aura pas été libéré lors du service le sera… par l'agitation dans votre estomac ! C'est d'ailleurs pour la même raison qu'il n'est pas recommandé de boire directement à la bouteille. Dans les deux cas, ballonnements assurés lors de la digestion !

* Christophe Lavelle, chercheur en biophysique moléculaire, épigénétique et alimentation au CNRS, à l'Inserm au Muséum national d'histoire naturelle (MNHN).

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Commentaires (4)

  • Clicoeur

    J'avais effectivement remarqué que la mousse de ma bière avait un penchant pour la planéité. Mais je suis bien obligé de la contrarier en penchant mon verre si je veux boire un coup...

  • pafoufou

    Pouvez-vous nous dire pourquoi le « journalistes » cherchent toujours à se faire mousser ? Merci

  • ultracrépidarien

    Si on vous le demande, dites que vous vous en foutez.