ProcèsDix adultes menacés de prison pour des relations sexuelles avec une ado

« C’est pas moi qui ai été la draguer »… Dix adultes menacés de prison pour des relations sexuelles avec une ado

ProcèsSix mois de prison ferme ont été demandés par le ministère public contre dix des onze prévenus jugés pour des relations sexuelles avec une ado rencontrée sur les réseaux sociaux
Illustration du tribunal judiciaire, ex-tribunal de grande instance.
Illustration du tribunal judiciaire, ex-tribunal de grande instance. - Gérard Julien / AFP / AFP
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Beaucoup avouent face à l’évidence. Peu expriment des regrets. Six mois de prison ferme ont été demandés par le ministère public contre dix des onze prévenus jugés, jeudi, à Valenciennes, dans le Nord. Ils sont soupçonnés de relations sexuelles avec une ado rencontrée sur Snapchat ou coco.fr.

« J’avais énormément d’idées noires », dit le plus jeune prévenu, 25 ans, des sanglots dans la voix. Il reconnaît plusieurs fellations, mais nie toute pénétration vaginale et toute transaction, contrairement à ce qu’affirme la jeune fille.

Des images pédopornographiques téléchargées sur le « dark web »

Des images pédopornographiques ont été retrouvées sur son ordinateur. Lui évoque des fichiers « téléchargés en masse » sur le « dark web », la face cachée d’internet, dont il ignorait le contenu. Il savait la victime mineure, mais pensait qu’elle avait 16 ans, pas 14. « Pourquoi est-ce que je ne l’aurais pas crue ? »

Le père de la victime, non présente à l’audience, le fixe, regard noir, sans un mot. « A 14 ans, elle en faisait 12 », se souvient ce père de famille qui se tient droit. « Elle fait très jeune. C’est une enfant. »

Tous les mis en cause sont également poursuivis pour « sollicitation », « détention » et « acquisition » de l’image d’un mineur à caractère pornographique. La procureure, Juliette Chopin, a souligné que le dossier avait fait l’objet d’une « correctionnalisation », plutôt qu’un procès aux assises, évitant aux prévenus des qualifications plus graves, passibles de vingt ans de réclusion.

« J’étais dans un brouillard »

« J’étais pas bien, dans un brouillard », se souvient un cinquantenaire, dont la queue-de-cheval rousse tire vers le gris. En rencontrant la victime, il lui « donnait 16 ans ». Mais l’a quand même laissée lui faire une fellation. « J’ai fait ça pour savoir si je pouvais encore plaire », assure un autre prévenu, banquier, 25 ans, qui reconnaît des rapports sexuels.

Il voulait savoir via ces relations s’il était « encore amoureux de sa compagne », avec qui il est encore en couple. « Je veux conseiller à tout le monde, s’ils voient un psy qui ne leur convient pas, d’aller en voir un autre », poursuit-il.

« C’est le seul conseil que vous avez à donner ? Et contacter des mineures sur les réseaux sociaux ? », rétorque l’avocat de l’adolescente, Me Grégory Frère. « J’ai fait une connerie », lâche un autre prévenu, 47 ans. « Mais c’est pas moi qui ai été la draguer, c’est l’inverse. » Il finit par s’excuser : « J’espère qu’elle pourra se reconstruire et avoir une vie épanouie », dit-il, dans une rare expression de regrets.

Sur Snapchat et sur le site coco.fr

Tous ont rencontré l’adolescente sur Internet, majoritairement sur Snapchat et sur le site coco.fr, « connu pour favoriser les relations sexuelles entre majeur et mineur », souligne la procureure. Des profils extrêmement variés : 25 à 60 ans, ici un salarié Stellantis à Valenciennes, là un boulanger de 27 ans qui « ne nie pas » avoir été proxénète via Snapchat, mais réfute tout rapport sexuel avec l’adolescente.

L’enquête a commencé lorsque les parents de l’adolescente se sont présentés à la gendarmerie de Bouchain, dans le Nord, en avril 2023, inquiets de son absence, a retracé la présidente du tribunal. Retrouvée chez l’un des prévenus dans le Pas-de-Calais, elle a expliqué sa fugue par un « besoin d’être seule », notamment justifié par l’alcoolisme de sa mère.

L’enquête a permis d’identifier des échanges avec 54 comptes, notamment des photos dénudées. Les principaux faits ont duré d’octobre 2022 à avril 2023. Un autre prévenu déjà jugé notamment pour « recours à la prostitution d’un mineur », avait été condamné en février à deux ans de prison, dont 18 mois avec sursis.

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