Un portrait de l'opposant russe Alexeï Navalny, mort en prison, tenu lors d'une marche pour le deuxième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, le 24 février 2024 à Paris

Le renseignement américain fonde sa théorie sur "l’analyse de faits publics, comme le timing de sa mort", qui est intervenue à un mois de l'élection présidentielle russe.

afp.com/Ludovic MARIN

Et si Vladimir Poutine n’était pas directement à l’origine de la mort d’Alexeï Navalny, survenue le 16 février ? C’est en tout cas la conclusion d’agences américaines de renseignement, rapportée par le Wall Street Journal ce samedi 27 avril. Pour rappel, l’opposant numéro 1 du Kremlin est décédé dans sa prison de l’Arctique des suites d’un malaise, selon le service pénitentiaire russe de la région de Iamal.

Publicité

Le jour de sa mort, le président américain, Joe Biden, tout comme l’ensemble de la communauté internationale avaient accusé le chef de l’Etat russe d'être le principal responsable de ce décès. Le Kremlin, de son côté, avait nié toute implication - Vladimir Poutine qualifiant la disparition d’Alexeï Navalny de "triste".

LIRE AUSSI : Mort de Navalny : un tournant pour Poutine et la répression des oppositions

Ce 27 avril, c’est une toute autre hypothèse qui émerge "au sein de la communauté du renseignement et partagée par plusieurs agences, dont la CIA” et d’autres acteurs majeurs du renseignement, souligne le quotidien américain, qui se base sur des "sources proches du dossier".

Un raisonnement "naïf" pour les proches de Navalny

Outre des "informations classifiées", le renseignement américain fonde sa théorie sur "l’analyse de faits publics, comme le timing de sa mort", qui est intervenue à un mois de l'élection présidentielle russe, "éclipsant la réélection de Vladimir Poutine", pointe le journal.

Des preuves insuffisantes selon les proches de l’opposant, qui qualifient ce raisonnement de "naïf". "L'idée que Poutine ne soit pas informé et n'approuve pas le meurtre de Navalny est ridicule", martèle Leonid Volkov, un allié de longue date de l’opposant, interrogé par le Wall Street Journal.

LIRE AUSSI : Nikolaï Petrov : "La mort de Navalny montre que Poutine a peur pour l’avenir de son régime"

Des doutes partagés par le directeur de l'Institut polonais des affaires internationales à Varsovie, Slawomir Dębsk, selon lequel "Navalny était un prisonnier de grande valeur politiquement". Et de compléter : "Tout le monde savait que Poutine était personnellement impliqué dans son sort. Les chances d’un décès involontaire sont faibles."

Si le Wall Street Journal reconnaît ignorer si "les agences de renseignement ont développé des thèses alternatives", le journal précise que leur théorie "ne remet pas en cause la culpabilité de Poutine quant à la mort de Navalny, mais établit plutôt qu’il ne l’a sans doute pas ordonnée, à ce moment spécifique”.

Publicité