Science et foi. Les grandes controverses. Galilée, Darwin, Einstein

de Florian Laguens

Artège, 256 p., 18,90 €

« La personne est d’ordinaire indissociable de son œuvre intellectuelle. » C’est avec cette conviction que Florian Laguens, à la fois scientifique et philosophe, rouvre le dossier du rapport conflictuel entre la science et la foi. Citant Pierre Teilhard de Chardin, il regrette cet état de « guerre » ou « plutôt la lutte entre deux mystiques adverses (la science et la foi, NDLR) pour dominer sur le cœur humain. Or, si on y réfléchit, cet état de guerre demandait à se résoudre dans une synthèse supérieure ».

Il ne faut pas attendre de ce livre qu’il donne cette synthèse. Son chemin passant par la biographie des quatre protagonistes clés (Galilée, Descartes, Darwin et Teilhard) et croisant de grandes figures comme Einstein, tient en haleine le lecteur par l’art du récit plus que par la promesse d’une solution, sans contourner le cœur du défi. En définitive, l’auteur se situe au carrefour de nos interrogations courantes qui se demandent si le christianisme est invalidé ou non par la science. L’histoire de Galilée est redite, libérée des images d’Épinal. Elle ouvre sur l’heureuse rencontre de Pierre Gassendi, prêtre et astronome, dont l’audace scientifique et la finesse de l’observation n’ont d’égal que sa fidélité à l’Église, ce qui n’est pas peu dire au XVIIe siècle. Quelques chapitres plus tard, on retrouvera chez le père Georges Lemaître, « père » de la théorie du big bang, la même intention.

La philosophie comme intermédiaire

Tout se corse avec les chapitres centraux. Florian Laguens fait droit à un Darwin athée qui ne fait nullement intervenir Dieu dans l’histoire du développement animal et humain. Mais il prend le temps de montrer que l’évolution biologique de l’homme n’interdit pas de penser qu’il soit doté par Dieu d’une âme, objection qui attendra surtout le XXe siècle pour être posée. Il pousse même l’étude jusqu’à montrer, loin des théories postérieures du darwinisme social, que les observations du génial naturaliste anglais sur le comportement social de l’homme ont quelque chose de métaphysique. Il le cite : « Nous ne saurions faire obstacle à notre sympathie (comprendre à notre “instinct” de solidarité, NDLR) sans porter une atteinte dégradante à la plus noble partie de notre nature. »

Le chapitre qui suit autour de Teilhard de Chardin n’en est que plus intéressant et vertigineux. Il ne cache pas que la pensée du jésuite se situe parfois à la limite de ce que la foi professe, non par égarement de la théologie mais par l’emploi de mots inconnus de celle-ci.

Florian Laguens termine son ouvrage en positionnant la philosophie comme intermédiaire utile entre foi et science ; il en appelle à la sagesse plus qu’à la synthèse pour trouver le point d’équilibre.