NATURISMEA Marseille, une calanque devient officiellement naturiste

Marseille : La calanque des Pierres Tombées devient officiellement naturiste, et d’autres sites pourraient la suivre

NATURISMEAprès l’autorisation du naturisme dans cette crique mitoyenne de Sugiton, l’élu au littoral et à la mer envisage d’officialiser à l’avenir la pratique dans d’autres sites peu fréquentés
La calanque de Sugiton
La calanque de Sugiton - Martina Cristofani/SIPA / SIPA
Caroline Delabroy

Caroline Delabroy

L'essentiel

  • La mairie de Marseille va autoriser la pratique du naturisme dans une crique du parc national des Calanques, où elle était jusqu’alors seulement tolérée.
  • Un collectif d’habitués des Pierres tombées en a fait la demande pour protéger ce site mitoyen de Sugiton, où les gens viennent davantage pour s’éloigner de la surfréquentation de la calanque.
  • L’élu réfléchit à d’autres sites pour la pratique officielle du naturisme en pleine nature.

Cela n’est plus qu’une question de jour. « L’arrêté est rédigé, les panneaux prêts, il manque encore un document graphique qui montre l’espace concerné par l’autorisation », explique Hervé Menchon, adjoint EELV au maire de Marseille ; en charge du littoral et de la mer. Ainsi, la calanque des Pierres tombées, à une heure de marche de Luminy dans le parc national des Calanques, va-t-elle devenir officiellement naturiste. Jusqu’à présent, le naturisme y était seulement toléré.

« La surfréquentation de Sugiton fait qu’il y a eu un report de touristes à cet endroit, poursuit l’élu. Les naturistes, présents sur les lieux depuis des décennies, ont été amenés à devoir se justifier d’être sans vêtement, parfois d’une manière pas toujours très cool. On a voulu protéger cette pratique, qui est reconnue comme un des éléments du patrimoine immatériel du parc. »

« L’ambiance n’est pas la même »

« Les Pierres tombées, cela a toujours été naturiste », témoigne Anne-Marie Catella, qui s’y baigne depuis quarante ans, été comme hiver. Avec d’autres habitués, elle est à l’origine de la demande officielle de classement comme zone naturiste, avec « l’idée que ce lieu de vie, où l’on est en accord avec la nature, ne disparaisse pas ». « Cette reconnaissance peut aider quand on discute avec les gens à qui on demande de respecter notre pratique », espère-t-elle. Depuis que l’accès au lieu est de nouveau autorisé, après l’accident mortel suite à un éboulement en 2006, et que « Sugiton est devenu l’endroit où il faut être », ils sont plus nombreux à pousser jusqu’à la « crique mitoyenne de rochers et dalles en pierre », comme l’a décrit l’office de tourisme.

« Les jours de forte affluence, il y a pu avoir cet été à Sugiton jusqu’à 2500 personnes, et une quarantaine de personnes aux Pierres tombées », avance Bruno Saurez, président de l’association naturiste phocéenne. « L’ambiance n’est pas la même quand les gens débordent de Sugiton et se mettent à côté, assure-t-il. Entre naturistes, on ne se regarde pas les uns les autres, la pudeur elle est dans le regard. Il y a, de la part de beaucoup de gens, une inculture du naturisme, en plus à côté d’une grande métropole comme Marseille. »

La question des bateaux aussi

Il rappelle pourtant que « la ville a été la première en France à compter deux associations naturistes, créées en 1928 et 1931 » : « Pour beaucoup, on les doit aux enfants qu’on soignait par cette exposition au soleil de la tuberculose et du rachitisme. Devenus grands, ils ont fait partie des pionniers de ce mode de vie. » « Les calanques, avant, il y avait personne, à part les chasseurs et les pêcheurs, poursuit-il. Beaucoup de ce sentiment de liberté à Marseille est lié au naturisme. Je me souviens, au milieu des années 1980, on se baignait mon père et moi à En-Vau, la moitié des gens étaient nus, cela ne posait de problème à personne. »

Pour Hervé Menchon, la réflexion ne s’arrête ainsi pas aux Pierres tombées. « Il y a la possibilité, par la suite, d’autoriser le naturisme sur d’autres portions du littoral en situation insulaire », explique l’élu. Il cite l’archipel du Frioul, « sur des endroits peu fréquentés. » Mais avant, il veut tirer les leçons de la mise en place de la zone naturiste aux Pierres tombées, et de l’expérimentation cet été du contingent de 400 visiteurs à Sugiton. Comme les autres, les habitués des Pierres tombées devront réserver leur place. Voilà qui devrait ramener sans doute de la sérénité dans la petite calanque, même si Anne-Marie Catella pointe d’autres risques de regards voyeurs : « Depuis l’interdiction du mouillage à En-Vau et Port-Pin, on voit plus de bateaux ici, », relate-t-elle.

Sujets liés