« La métropole vous veut-elle du bien ? » C’est la question que pose la mairie d’Aix-en-Provence en Une de sa revue municipale de janvier. Et sans surprise, la seconde ville d’Aix-Marseille-Provence (AMP) ne trouve toujours rien à sauver de cet agglomérat de six intercommunalités, constitué en 2016 pour apporter un nouveau souffle à un territoire qui assistait impavide à l’appauvrissement de sa ville-centre, Marseille.
L’article 56 de la loi 3Ds a remis le feu aux poudres métropolitaines en imposant de nouveaux aménagements, alors même que l’organisation de 2016 n’était pas digérée. En supprimant les conseils de territoires et en remettant à plat les relations financières avec les communes, la loi a voulu obliger les élus locaux à mettre de côté leurs désaccords pour permettre à la métropole de dégager des marges de manoeuvre budgétaires suffisantes pour engager des projets structurants pour le territoire, de transport notamment, que l’Etat pourra abonder.
- Faux départ pour la réforme de la métropole Aix-Marseille Provence
La cité phocéenne favorisée ?
Alors, que reproche Aix-en-Provence à cette métropole qu’elle a pourtant servi sur un plateau à sa présidente sortante, Martine Vassal, réélue à la tête de l’institution en 2020 ? En lieu et place de « la métropole des communes » alors promise, la gouvernance est désormais « confisquée » par Marseille qui dispose de 102 sièges sur 240… et d’un droit de veto bien utile pour éviter les blocages. C’est en effet aidée par la loi que la ville a obtenu en décembre dernier la réévaluation de sa dotation de solidarité communautaire. Sur les quelques 120 millions d’euros dédiés à ce poste, elle recevra 22 millions d’euros en 2023, puis 44 et 66 millions d’euros les années suivantes.
Une façon de corriger la « relation manifestement contre-péréquatrice » instaurée entre la métropole et ses 92 communes membres, que dénonce la Chambre régionale des comptes de Provence-Alpes-Côte d’Azur, dans un avis publié le 21 octobre 2022. Par souci d’apaisement politique, la métropole avait maintenu les ressources des anciens EPCI. Les magistrats observent que « du fait de leur importance, les financements métropolitains ont acquis une place prépondérante dans l’équilibre financier des communes », évoquent même un « phénomène d’accoutumance aux financements reçus », qui génère « une importante rigidité du système de financement des communes ».
Revue des équipements
Au-delà de la gouvernance, c’est bien sur les finances que se crispent les élus, ceux de l’ancien conseil de territoire du Pays d’Aix ont préféré quitter l’hémicycle métropolitain lors du vote du budget, le 19 janvier. Plus riches que leurs voisins, les élus aixois dénoncent « la dérive des emprunts et de la dette » métropolitaine et s’attendent à une dégradation des services publics (piscine, collecte des déchets, etc.) et une hausse de la fiscalité.
Ce dernier conseil métropolitain a également lancé une nouvelle étape de mise en œuvre de la loi avec la mise en place d’une commission chargée de définir quels équipements culturels et sportifs sont d’intérêt métropolitain. Du stade Vélodrome à Marseille au tout jeune centre aquatique de Venelles, en passant par les nombreuses salles de concert du territoire, il s’agira pour chaque commune de se positionner sur ceux qu’elle souhaite reprendre dans son giron et ceux qu’elle laisse à AMP. Et de se faire entendre pour préserver son pré-carré.
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