"Nous ne voulons plus d'artificialisation des sols !" : à Pertuis, des collectifs se mobilisent jeudi 18 avril

Le PLU prévoit "l'artificialisation de 202 ha de terres dont 80 ha de terres agricoles - en jaune sur la photo".

Le PLU prévoit "l'artificialisation de 202 ha de terres dont 80 ha de terres agricoles - en jaune sur la photo".

Photo D.R.

Pertuis

La création d'une zone d'activité économique soulève depuis des années l'opposition de plusieurs collectifs. Terres vives Pertuis en tête, qui appelle à manifester jeudi 18 avril à 12h à Marseille.

"On a fait le calcul : entre l'extension de la zone d'activité commerciale (dite ZAC Saint-Martin), la construction de logements sociaux, le recours aux Stecal (secteurs de taille et capacité d'accueil limitées, des zones en principe inconstructibles au sein desquelles certaines installations peuvent être édifiées par dérogation, Ndlr) et la future zone industrielle, en vingt ans à Pertuis, ce sont plus 250 ha, de terres arables pour certaines, qui ont été ou sont en voie de bétonisation", s'étonne et déplore Bernadette Cailleaux-Puggioni de l'association Terres vives Pertuis.

Créée en février 2020, Terres vives Pertuis s'oppose à la création, prévue par le PLU, d'"une zone d'activité économique (ZAE) de 86 ha, qui entourerait la zone commerciale actuelle et qui a été reconnue d'utilité publique (DUP)" par l'État en juin 2020. Une implantation qui aurait pour conséquence "la perte de terres fertiles et irriguées - 70 % des 86 ha sont productifs, car nous sommes dans le bassin hydrographique de la Durance - conjointement à la perte de biodiversité". De même que "l'expropriation de quelque deux cent trente parcelles agricoles et celle de trente familles". Ou, à défaut, le rabotage de propriétés à l'image de celle de Bernadette Cailleaux-Puggioni (3 000 m2 en moins).

Opposition massive et structurée

Depuis plusieurs années, une opposition aussi massive que structurée, emmenée par Terres vives Pertuis, s'est donc développée au sein d'une partie de la population, qui refuse de sacrifier des terres cultivables et possiblement nourricières à la "croissance". Lettre ouverte adressée à Roger Pellenc, maire de Pertuis, pétition, reportages, vidéos, marches festives... Un nombre considérable d'actions en tous genres ont été menées. Et "bien que l'association ait été déboutée, fin mai 2023 par le tribunal administratif de Nîmes, de sa demande d'annulation de la DUP, la lutte continue", poursuit Bernadette Cailleaux-Puggioni.

En attendant "un jugement devant la cour d'appel de Toulouse, car nous contestons la décision rendue par la juridiction nîmoise", l'ardente défenseure de la cause invite les détracteurs du projet à manifester, jeudi 18 avril, à 12 h à Marseille, devant le Palais du Pharo où se tiendra le conseil communautaire de la Métropole Aix-Marseille-Provence ("rendez-vous à la gare de Pertuis à 10 h 30 pour du covoiturage"). "Nous avons sollicité la quarantaine de collectifs qui nous soutiennent, comme France nature environnement, la Confédération paysanne, mais aussi la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) Paca."

"Nous avons appris que, lors d'une réunion surprise organisée mercredi 10 avril, la commission(1) chargée de réétudier le dossier des terres fertiles de Pertuis proposait la création d'une zone d'aménagement concerté (ZAC[2]) de 40 ha, sur les 86 ha initialement prévus. Une ZAC dédiée à terme à des activités économiques, ce qui impliquerait construction, imperméabilisation, béton, pollution...", explique Bernadette Cailleaux-Puggioni. Avant d'ajouter, l'air dépité, que "le reste, soit 56 ha, serait consacré de façon très fumeuse à la préservation des enjeux agricoles, à la mise en valeur de zones naturelles et humides, mais aussi à des projets urbains à définir".

Un projet validé par la Métropole fin juin ?

"Le projet (de ZAC) ne figure pas à l'ordre du jour, mais nous irons tracter comme nous le faisons lors de chaque conseil communautaire. Pour exprimer, une fois encore, notre désaccord profond et absolu, en amont d'une possible validation du projet fin juin par la Métropole. Ce qui autoriserait alors le début des travaux..." C'est pourquoi, "il faut venir nombreux ce jeudi", martèle la militante. Sachant qu'"une autre manifestation, de grande ampleur, est également programmée à Pertuis le 1er juin".

(1) Commission créée fin juin 2022 par Martine Vassal, présidente du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône et de la Métropole Aix-Marseille-Provence, et présidée par Amapola Ventron, vice- présidente de la Métropole déléguée à la protection de l'environnement.

(2) Opération d'urbanisme publique ayant pour but de réaliser ou de faire réaliser l'aménagement et l'équipement de terrains à bâtir en vue de les céder ou de les concéder ultérieurement à des utilisateurs publics ou privés (ministère de la Transition écologique).

Pour le maire Roger Pellenc, "ce sujet est désormais du ressort de la Métropole"

Depuis le départ, le premier édile est pointé du doigt par les opposants au projet. En effet, "Roger Pellenc, fondateur de Pellenc SAS et de plusieurs entités petites soeurs (Pellenc Bâtiment, Pellenc energy, Pellenc Selective technologies...), ne serait-il pas l'un des principaux bénéficiaires de la zone à venir ?", interpelle le journal Marsactu dans un article du 4 janvier 2022. "Lors de l'enquête publique, les entreprises Pellenc ont réclamé 30 ha (de la zone afin d'y implanter leurs activités, Ndlr), s'indigne Bernadette Cailleaux-Puggioni de Terres vives Pertuis. Cela représente plus du tiers de la surface initiale, ce qui laisse entendre que ce projet n'existe que pour satisfaire en priorité les intérêts d'une entreprise privée." Sollicité, Roger Pellenc a simplement fait savoir par mail que "ce sujet est désormais du ressort de la Métropole".