Rue Saint Roch, le fil d’or d’une vie : Jeanne Mas, cent ans de lumière (J.B.)
| À Pertuis, au détour de la rue Saint-Roch, il y a cent ans, naissait une petite fille prénommée Jeanne Amayen. Dans la maison familiale de la Rue Saint Roch, entourée de l’affection d’une lignée estimée, elle ouvrit les yeux sur un monde simple et chaleureux. Son père, André, tenait la « Boucherie pertuisienne » et portait haut l’honneur de son métier. Son grand-père Auguste, épicier sur la place Mirabeau, voyait défiler les clientes, jusqu’à ce jour de 1909 où le tremblement de terre « de Lambesc » fit tomber les boîtes de conserve comme des dominos, un souvenir devenu légende familiale. Petite, Jeanne ne rêvait pas de viandes ni d’épices, mais de tissus et de fils colorés. Elle avait ce don rare de transformer une étoffe en une œuvre d’art. Dans son atelier de couture, les dames de Pertuis trouvaient plus qu’une robe : une allure, une confiance, une élégance façonnée par ses doigts délicats. Les coupes en biais, les jeux de volumes, rien ne l’effrayait. Elle savait donner à la matière le mouvement de la vie dans son atelier de la Rue…Saint Roch. C’est alors que son jeune voisin, Gabriel Mas, chercha à attirer son attention. Un après-midi de septembre 1942, il laissa tomber, par hasard ou par malice, un livre de sa fenêtre devant sa belle voisine. Jeanne, 17 ans, ramassa l’ouvrage et tendit la main. Gabriel, en la reprenant, sut qu’il ne la lâcherait plus. De fil en aiguille, comme dans une de ces belles histoires de couture, l’amitié devint fréquentation, puis mariage en 1946. Ensemble, ils durent quitter Pertuis pour Charleval, mais jamais leur cœur ne s’éloigna de la rue Saint-Roch. Chaque fin de semaine, ils revenaient respirer l’air de leur ville, entourés des leurs. En 1947, une petite fille, Andrée, vint illuminer leur vie. Les années filèrent au rythme des repas de famille où l’on dégustait grives en brochettes et pignins au vinaigre, au son des rires des voisins et du cliquetis des assiettes. Durant cette époque à Pertuis, les portes restaient presque toujours ouvertes, et l’on vivait dans la confiance, la proximité, et la joie des choses simples. Les décennies ont passé, mais la maison de la rue Saint-Roch est restée le cœur battant de la famille. En 2005, Andrée, devenue femme, y revint s’installer à son tour, renouant avec la tradition, maintenant vivante la mémoire des Amayen et des Mas. Et voici que le 23 août 2025, Jeanne, a atteint le seuil extraordinaire de 100 ans. Cent années de regards, de rires, d’amour et de fidélité à une ville, une rue, une famille. Deux siècles traversés d’un même fil : celui de la tradition, de la tendresse et de la transmission. Jeanne n’est pas seulement l’aïeule de sa famille, elle est un témoin vivant de Pertuis, et de son art de vivre. Le jour où elle souffla ses bougies, entourée de ceux qui l’aiment, dans la maison de retraite de .. Saint Roch, cela était bien plus qu’un anniversaire. C’était un hymne discret à la vie, à la patience, à l’amour fidèle et aux racines qui ne meurent jamais. Jacques BARONE Adjoint au Maire, Délégué aux animations, à la vie des quartiers et au Patrimoine  ALBUM COMPLET GRAND FORMAT |
